QUESTIONS-RÉPONSES 25/06/2020
Question/réponse
Cette période de confinement, dont nous sortons peu à peu, nous a amenés à nous interroger sur l’impact que ce brusque ralentissement de nos activités pouvait avoir sur les écosystèmes qui nous entourent aussi bien terrestres que marins.
La question de cette semaine se rapporte plus particulièrement à notre environnement local :
« La pêche et l'activité nautique ont été nettement ralenties ces derniers mois. Voit-on des effets sur la faune ou la flore marine, par exemple sur la réserve de Cerbère-Banyuls ou ses environs ? »
Pascal Romans, responsable du service d’Aquariologie à l’Observatoire Océanologique de Banyuls et Conservateur du Biodiversarium, nous fait partager les informations qu’il a pu recueillir ainsi que ses observations personnelles et son avis sur ce thème.
attente vidéo
https://youtu.be/TW6kCAGCyLQ
Nous souhaitons par ailleurs répercuter la question posée aux services de l’Observatoire par trois habitantes de Port-Vendres qui ont participé à l'opération "nettoyage des plages et criques" :
« Pour les dépôts de bois/roseaux(photo ci-jointe)...apportés par la mer que préconisez-vous ? les enlever totalement ? (mais peut-être ont-ils un intérêt ?) ou alors les fouiller soigneusement pour en retirer les nombreux déchets qu'ils enferment -bouts de polystyrène, mégots, tessons de bouteilles, hameçons et fil de pêche, capsules de plastique...etc- ?
En l'absence de consigne claire, nous avons opté pour la solution 2 et nous sommes longuement attardées sur ces dépôts, au risque d'avoir laissé encore quelques déchets...dangereux pour ceux qui fréquentent la plage, et pour la faune s'ils retournent à la mer, emportés par les ruissellements ou des vagues de tempête. »
Plusieurs chercheurs ont émis leur avis et leurs remarques à ce sujet. Tous s’accordent pour dire : ces personnes ont eu raison de faire ce tri, même s’il était fastidieux.
Voici quelques extraits de leurs réponses :
« Vous avez fait le bon choix. Il ne faut pas mettre les morceaux de bois, roseaux, etc. (déchets organiques naturels) dans la poubelle et il faut effectivement nettoyer autant que possible en triant les déchets plastiques.
Pour information, la situation rencontrée est la plus fréquente, puisque tous les objets flottants (y compris les plastiques) s’accumulent sur la « laisse de mer », qui est la zone la plus haute où la mer est montée récemment. C’est donc à cet endroit qu’il faut prendre le temps de trier les déchets pour éviter qu’ils ne repartent en mer. C’est long et fastidieux, mais ça laisse le temps de réfléchir sur notre façon de consommer et on est surpris d’y trouver des objets parfois insolites, des objets tout petits qu’on n’arrive plus à identifier (les microplastiques) ou parfois des objets que nous consommons nous-même. »
« Le flux de débris végétaux du milieu terrestre au milieu marin a toujours eu lieu et est important écologiquement. L’élimination des débris végétaux terrestres en plus des débris anthropiques aurait donc affecté ce flux. »
« Dans le sable, les graviers, les galets et les laisses de mer abandonnées par les vagues vit tout un monde d'animaux (microfaune) et de végétaux qui fait vivre et « respirer » la plage. La meilleure solution est donc de ne ramasser que les déchets de nos activités humaines qui sont en grande majorité une source de pollution. Un nettoyage à "l'huile de coude" est très bien, en évitant de trop bousculer les dépôts naturels (feuilles de Posidonie, roseaux, bois flottés, feuilles d'arbre, brindilles, etc.). Ces débris naturels sont des niches écologiques et des sources de nourriture pour la faune qui vit dans et sur les plages.
Par contre, passer le bulldozer, ratisser ou tamiser détériore l'écosystème de la plage qui est par ailleurs perturbé pendant l'été par le piétinement, les huiles solaires, le déplacement de galets, les trous dans le sable, l’arrachage de plantes, etc...
Il faut trouver le juste équilibre entre préoccupation environnementale et exploitation touristique. »
« Chapeau pour les gens qui font cet effort de nettoyage en choisissant l’option qui n’est certainement pas la plus simple mais certainement la plus adaptée. »
Et pensons aussi « qu’environ 10% de nos poubelles finissent à la mer. 10%, c’est finalement 1 poubelle entière sur 10 qui part en mer… C’est actuellement un camion benne par minute à l’échelle de la planète !!!
En réduisant la consommation d’emballage et de plastique à usage unique au magasin, on peut réduire la quantité de déchets plastiques dans nos poubelles. »
Merci à Jean-François Ghiglione, Stéphane Hourdez et Gilles Vétion dont nous vous rapportons les propos.